Nous sommes des gouttes de pluie,
Et nous naissons comme elles tombent
Dans cette flaque, dans la nuit,
Depuis le ciel lâchés en trombes.
A peine nés déjà l'on plonge
Et fusionne dans le grand tout
De la flaque grouillant de songes,
Amas d'espoirs mis sous écrous.
Sans attendre, en nous la vie gronde
Et nous entraîne jusqu'aux bords
Infinis, sous le vent, en onde,
Glissant sur les flots, miroirs d'or.
Sans comprendre, à l'autre on s'étend,
Se cherche et se trouve ; sitôt,
L'on se chamaille sur l'étang,
Plan tout ridé d'élans vitaux.
Puis l'on profite du soleil
Pour s'arracher loin de la flaque,
Frapper d'autres mares vermeilles,
Qui sait même en montagne un lac.
Qui suis-je si ce n'est le reflet de vous tous ?
Qui êtes-vous sinon le reflet de nous tous ?
Ce moi est bien la part du nous que je transporte,
Des entrailles du nous, même jusqu'à sa porte.
Je suis défini par mon nous, or ce nous-là
Est l'expression de mon amour, qui, fier, roula
De moi vers vous, de nous à moi, mais ne rouilla.
Je suis donc fait de mon amour, alleluja !
Peut-être es-tu née d'une larme,
Vers cette flaque, sans vacarme.
Ecoute-moi ce n'était pas
Un flux de peine mais de joie ;
Pardonne-moi, mais je sais tout,
Car je glissai sur l'autre joue.